Parole d’expert : Comment soulager les aidants familiaux ?

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Face à la dépendance d’un proche, il est parfois difficile de concilier sa vie personnelle et sa vie d’aidant, et d’assurer le confort de la personne en difficulté. Deux professionnels de la RMA (Ressources Mutuelles Assistance), partenaire MIF et dont les services sont inclus dans les offres prévoyance, Myriam Morandeau, CESF , et Alexandra Parois, psychologue, vous donnent de précieux conseils si vous êtes vous-même aidant familial.

Existe-t-il un statut légal des aidants familiaux ?

Myriam Morandeau : Le statut de l’aidant familial a été défini dans la dernière loi d’adaptation de la société au vieillissement. Il s’agit de tout proche qui apporte une aide régulière et fréquente à titre non professionnel, pour accomplir une partie ou la totalité des actes de la vie quotidienne auprès d’une personne âgée en perte d’autonomie : la famille, des amis ou des voisins. Selon la pathologie et l’âge de la personne aidée, on ne va pas solliciter les mêmes dispositifs. Les personnes âgées dépendantes vont pouvoir par exemple prétendre à l’allocation personnalisée à l’autonomie (APA). La loi ASV a intégré un droit au répit qui va permettre de financer différents types d’aides : des accueils de jour, des hébergements temporaires, un accueil familial. En ce qui concerne le handicap, une prestation de compensation du handicap peut venir soulager financièrement la personne handicapée et dédommager l’aidant qui l’accompagne.

Quelles actions permettent d’être considéré comme un aidant familial ?

Myriam Morandeau : Un aidant est celui apporte une aide régulière à une personne en situation de dépendance. La première des choses est de se reconnaître comme aidant, ce qui n’est pas toujours simple. Mais c’est ce qui permet dans un second temps de solliciter les dispositifs d’aide.

Alexandra Parois : Le public aidé est majoritairement constitué de personnes âgées, mais il peut aussi s’agir d’un enfant ou d’un conjoint en situation de handicap. Selon les cas de figure, (âge, histoire familiale, antécédents relationnels, pathologie), les enjeux relationnels et les problématiques exprimées seront différents (culpabilité, colère, tristesse, difficulté de communication etc.).

Myriam Morandeau : La situation de l’aidant est également prise en compte. Si l’aidant est en activité ou en retraite, les difficultés seront différentes. Le lieu d’habitation entraînera également des situations différentes. Si le dépendant vit seul, l’aidant aura parfois des déplacements supplémentaires, une disponibilité moindre, et des inquiétudes autres.

Comment les adhérents sont-ils pris en charge et orientés ?

Myriam Morandeau : Au sein de Ressources Mutuelles Assistance, le service psychosocial intervient pour les adhérents de différentes mutuelles. Lorsque le conseiller téléphonique chargé d’assistance détecte une situation de fragilité psychologique ou sociale, il va proposer un accompagnement par un professionnel. L’adhérent décidera lui-même de prendre rendez-vous avec notre service pour un premier entretien.

Alexandra Parois : Il est essentiel que le premier contact soit à l’initiative de l’adhérent. Ça influe sur sa démarche pour s’engager dans un accompagnement. On commencera par définir des axes de travail et des priorités au cas par cas.

Myriam Morandeau : Sur le plan social, c’est un peu la même chose. On fait un état des lieux de la situation et on essaye de recréer du lien sur le secteur avec les structures locales qui peuvent venir en soutien : soutien collectif, groupes de paroles, échange entre pairs, soutien individuel.

Quelles aides concrètes pouvez-vous apporter aux aidants familiaux ?

Alexandra Parois : Sur le suivi psychologique, l’accompagnement peut être ponctuel ou sur le long terme si un travail de psychothérapie est nécessaire : réaménager des outils de communication avec la personne aidée, améliorer la relation avec l’aidé, travailler autour de la culpabilité de l’aidant, notamment lorsqu’il exprime le besoin de bénéficier de répit et qu’il s’en veut d’être moins présent.

Myriam Morandeau : Sur l’aspect social, on va s’assurer que le soutien à domicile est suffisant tout en recherchant les financements disponibles, comme l’APA ou la prestation de compensation du handicap. Ça nous permet ensuite de mettre en place les solutions qui vont convenir le mieux aux familles : une aide-soignante, une auxiliaire de vie, un portage de repas, l’installation d’une téléassistance, l’adaptation du logement. Sur ce dernier aspect, on travaille en réseau avec SOLIHA, Solidaires pour l’Habitat.

Vous parliez de réseau. Y a-t-il des actions communes sur l’aspect des aidants familiaux ?

Myriam Morandeau : Depuis quelques années, RMA fait partie de l’association « Journée nationale des aidants ». Les travailleurs sociaux et les psychologues assurent une permanence téléphonique pendant une semaine, début octobre, à destination du grand public. C’est l’occasion pour les aidants de prendre des contacts avec les professionnels sur leur secteur.

Quelles sont les structures qui appartiennent à ce réseau ?

Alexandra Parois : On a une compétence nationale, et chaque secteur a des structures spécifiques. Donc, on prend les contacts vraiment au cas par cas. On effectue une recherche individuelle en fonction des besoins et des disponibilités. Certaines pathologies particulières, comme Alzheimer, bénéficient d’associations spécifiques. On peut aussi s’adresser aux centres médico-psychologiques, etc.

Myriam Morandeau : Au niveau social, les interlocuteurs peuvent être privés ou publics. L’accompagnement passera principalement par les travailleurs sociaux des services du département, les centres locaux d’information et de coordination (CLIC), les maisons départementales pour le handicap, les services de soins, et tous les organismes qui assurent l’accueil de jour ou l’aide à domicile. On a vraiment des interlocuteurs très variés.

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